[Tribune] Coronavirus - Réagir aujourd'hui, penser déjà à demain

La situation sanitaire exige que l’ASEI prenne un certain nombre de décisions concernant son organisation et l’accueil des personnes qu’elle accompagne.

L’essentiel est de protéger celles et ceux pour qui les conséquences du virus pourraient être dramatiques.

Cela concerne, pour l’ASEI, les personnes accompagnées, leur entourage et les professionnels.

Par delà cette décision brutale et sans compromis, il convient d’organiser et d’anticiper la suite. Depuis vendredi 13 mars, une cellule de décision pilotée par la direction générale a été mise en place, en lien étroit avec les directeurs bassin et leurs équipes. Réunie deux fois par jour, elle se duplique au niveau des bassins et des établissements et organise la continuité de service de notre association.

Pour chacune des personnes accompagnées, une évaluation et une individualisation de la réponse est étudiée par les professionnels. Si les consignes ont depuis évolué, parfois d’heure en heure nous sommes prêts à répondre. Aussi au niveau central est piloté la gestion de nos ressources.

Confrontés au manque de gel et de masques, nous mutualisons les moyens de 107 établissements gérés par l’ASEI.

De même, en étroite relation avec nos fournisseurs nous nous mobilisons pour assurer des besoins primaires : couches, linge, nourriture… Les établissements de jour ont suspendu leur activité y compris les ESAT- à l’exception de ceux qui remplissent des fonctions absolument nécessaires pour la vie de l’association (restauration, blanchisseries) – en revanche sont maintenu en confinement les hébergements et structures telles que les MAS, ou les FAM.

Pour chaque établissement et public accompagné, nos professionnels façonnent une réponse adaptée considérant non seulement la réponse rapide à avoir, mais pensant aussi au moyen terme, quand l’entourage s’épuisera ou que le confinement se fera sentir sur le moral et la santé des personnes accompagnées.

C’est un travail complexe qui se doit, en plus, de faire face aux peurs de nos professionnels, à leur désarroi. Eux aussi sont touchés et se doivent parfois d’assurer la garde de leurs propres enfants.

Dans les services concernés par la fermeture, nos professionnels ont pour mission d'apporter leur aide aux familles à distance : prendre des nouvelles mais aussi assurer un suivi, notamment psychologique pour accompagner nos publics dans la gestion de ce qui est pour tous très anxiogène.

Cette marche forcée nous permet de tester notre réactivité, notre capacité à transformer nos usages et nos pratiques dans le respect et le souci des personnes que nous accompagnons.

Peut-on réellement fonctionner dans la durée comme un 15 août avec équipes réduites et retour au domicile ?

Est-on en capacité de proposer des consultations en visioconférence ?

Si la réponse numérique en est une, comment la mettre en place rapidement ?

Nous ne sommes sans doute pas aussi réactifs que peut l’être une start-up et nos professionnels n’ont pas tous des appétences pour ces pratiques. Par ailleurs, et sur le fond, cette accompagnement est-il suffisant ?

Nous sommes persuadés que non, et nous préparons d’ailleurs à intervenir si besoin à domicile et à ouvrir des unités confinées notamment pour les jeunes et adolescents de l’ASEI. Notre réponse se fait et se fera bien sûr en étroite collaboration avec les pouvoirs publics (ARS, Conseil départementaux, Mairies, Éducation Nationale, Préfets).

La solidarité bât son plein : nos salariés seront certainement mobilisés sur d’autres établissements ou besoins. Nous ouvrirons, s’il le faut, nos portes pour désengorger les hôpitaux ou en réponse au besoin de l’Aide sociale à l’enfance.

Le « A » de ASEI signifiant « Agir » prend encore aujourd’hui tout son sens.

 

Philippe Jourdy, Directeur Général de l’ASEI