L'ASEI, association apprenante
La crise sanitaire qui nous frappe, fait entrer les établissements de l’ASEI de plein fouet dans un monde incertain, dans lequel l’agilité est indispensable pour pouvoir anticiper les conséquences des décisions adoptées et être réactifs. Les consignes, décisions et mesures sont amenées à évoluer de jour en jour, nécessitant un changement d’organisation et de culture. Entre débrouille et agilité, de nouvelles pratiques et de nouveaux échanges s’organisent pour mieux protéger et accompagner les publics. Face à ce défi commun, professionnels, personnes accompagnées et entourage de l’ASEI n’ont d’autres choix que de sortir de leurs pratiques pour s’adapter et innover.
Des professionnels hors les murs : 107 établissements 1 seule mission
Alors que l’activité d’une partie des établissements est suspendue (enfants et adolescents), c’est la totalité des professionnels de l’ASEI qui est sur le pont. La plupart du temps rattachés à un établissement les professionnels sont aujourd’hui beaucoup plus mobiles. Ces nouvelles mobilités nourrissent les échanges de pratiques. Certains viennent en soutien auprès des « confinés » au domicile, en télétravail mais aussi en déplacements physiques. D’autres, d’établissements pour enfants (souvent fermés), partent sur des foyers de vie pour adulte, et ce, parfois, sur d’autres territoires de l’ASEI dans l’attente d’autres missions spécifiques : ré ouvertures à destination de nouveaux publics, plateforme territoriale d’entraide, ... C’est près de 19% de professionnels de l’ASEI qui sont concernés. Les professionnels sont amenés à sortir de leurs fiches de postes pour venir en renfort sur des fonctions qui ne sont pas forcément les leurs. Par ailleurs, la solidarité existe et les initiatives multiplient. Depuis le début de nombreux appels arrivent : anciens salariés mais aussi des voisins, des étudiants qui se proposent pour venir aider.
Faire évoluer ses pratiques pour ne pas faire de victime du confinement
La situation actuelle est aussi d’entamer l’initiation d’un changement de culture profonde. Il est compliqué de trouver la bonne solution dès les premiers essais. Prioriser par le besoin et réallouer les priorités sur des intervalles courts, accepter l’erreur. Le mode itératif est au cœur de notre projet associatif. Pas besoin de le théoriser, le contexte nous fait passer directement à la pratique. Accepter de faire différemment : téléconsultations, consultation en ligne, challenge WhatsApp, échanges sur Discord, etc. La situation impose d’ouvrir sur des pratiques peu connues – poursuivant l’objectif d’accompagner la continuité des soins. Bien sûr que cela ne remplace pas les séances individuelles en face à face mais cela permet de maintenir des acquis et un lien qu’il ne faut surtout pas perdre avec les personnes que nous accompagnons.
Les visites à domicile s’organisent par ailleurs, permettant aux rééducateurs de voir les personnes accompagnées dans l’environnement qui est souvent le leur le weekend ou pendant les vacances, et de rencontrer les familles en dehors de l’établissement.
Intervenir à domicile, au-delà de maintenir le lien, permet de délivrer des conseils en fonction du cadre de vie, de répondre aux frères et sœurs souvent peu en contact avec les soignants.
Des innovations qui voient le jour en cette période de crise sanitaire mais il est certain qu’elles serviront de base aux professionnels, personnes accompagnées et perdurerons. Je m'y engage.
Philippe Jourdy