L'archèterie de l'ESAT ASEI Caramantis : des savoir-faire qui s'exportent à l'international
L’ESAT ASEI Caramantis, situé à Carmaux dans le Tarn, regroupe deux types d’activités sous la marque Ary France. Parmi elles, la fabrication d’archets d’instruments à cordes : une grande technicité de la part des archetiers, reconnue aujourd’hui à l’international.
La construction historique de l’atelier
Lorsque André Malraux devient ministre de la culture dans les années 60, l’objectif est le suivant : relancer la pratique musicale alors que l’industrie de la lutherie et de l’archèterie de Mirecourt, dans les Vosges, ferme en 1970. Grâce à cet engagement et à l’acharnement des luthiers Etienne Vatelot et Jean Bauer, l’École Nationale de Lutherie et d’Archèterie voit le jour la même année à Mirecourt, berceau de la lutherie et de l’archèterie française. En parallèle, à Carmaux en 1974, l’ESAT Ary France voit le jour et change de nom : c’est la naissance de l’ESAT ASEI Caramantis. L'établissement se développe et devient l'unique fabricant de boules de Noël en plastique de France pour les professionnels de la décoration mais également la seule archèterie semi-artisanale en Europe.
Aujourd’hui : une archèterie qui a plusieurs cordes à son arc
Présent depuis 2002 au sein de l’ESAT, Antoine Garcia est devenu le moniteur de l’atelier il y a 5 ans et encadre désormais 12 travailleurs en situation de handicap ainsi qu’un ouvrier qualifié. Avec de nombreux clients tels que les magasins de musique rue de Rome à Paris ou des clients internationaux d’une quinzaine de pays, l’ESAT ASEI Caramantis ne manque pas de notoriété.
Auparavant, l’archèterie fabriquait des prototypes d’archets et des archets en carbone. Si cette production s’est arrêtée, l’atelier fabrique désormais ses archets avec du bois de Pernambouc, un savoir-faire français reconnu. Une fabrication qui demande une technique très importante et une grande attention portée au visuel. C’est pourquoi, parmi les 70 tâches que demande la conception d’un archet, certains travailleurs sont spécialisés dans une seule tâche. Un archetier de Toulouse vient d’ailleurs former les archetiers sur certaines tâches car il faut parfois entre six et huit mois pour en réaliser certaines.
Mais ce qui fait le caractère unique de l’archèterie, c’est bien son aspect semi-artisanal, mélangeant machines et fabrication à la main afin de produire une plus grande quantité d’archets de différents types : des archets d’étude, en or ou en argent (plus haut-de-gamme) pour plusieurs sortes d’instruments. Ceux-ci mettent une semaine à être faits contre 1 mois chez un archetier artisanal.
En France, il existe 50 archetiers avec une production de 2 000 archets en Pernambouc chaque année. Par comparaison, l’atelier d’archèterie de Carmaux produit entre 1 200 et 1 400 archets, les trois quarts de la production française.
Des travailleurs aux compétences uniques
Face à la taille de cette production, il est important pour les travailleurs de développer leurs compétences mais aussi leur bien-être au sein de l’atelier.
« Il est important pour eux d’être reconnus à part entière au sein de l’organisation »
En effet, c’est une grande valorisation et une vraie reconnaissance pour les travailleurs qui fabriquent eux-mêmes les archets. Et pour preuve : un archet monté en or a été nommé Annette Martin, l’une des premières travailleuses à la création de l’archèterie.
Le but est également de laisser les travailleurs en autonomie, même s’ils ne sont jamais livrés à eux-mêmes : les archets sont toujours contrôlés à la fin du procédé. De plus, des réunions au sein de l’atelier permettent d’impliquer les travailleurs dans l’activité de l’archèterie. Le moniteur Antoine Garcia tient également à les inclure dans le volet commercial.
Les archetiers de l’atelier sont aujourd’hui très fiers d’y travailler. Après avoir été travailleur dans l’ESAT ASEI Caramantis pour la confection des boules de Noël en plastique, Vincent est aujourd’hui archetier dans ce même ESAT :
« J’aime la musique et je fais de la guitare, c’est ce qui m’a poussé à être archetier. Il y a une vraie adéquation entre les musiciens et nous »
En apprenant sur le tas, Vincent s’est formé au fur-et-à-mesure du temps et a appris à être en lien avec les différents travailleurs lors de chaque tâche de la construction d’un archet. Fier du lien historique entre l’industrie de la lutherie et l’archèterie et le Ministre de la Culture, ce métier a beaucoup apporté à Vincent :
« On entre dans l’histoire, ça nous aide à mieux comprendre les gens »
La grande qualité des archets proposés est le résultat de la maîtrise technique des archetiers.
Un savoir-faire d’une grande technicité dans une ambiance très familiale et bien orchestrée : une recette qui semble fonctionner et qui a porté ses fruits !