Focus métier : éducateur technique

Rencontre avec Gaudéric GIRONCE, éducateur technique à l’atelier imprimerie de l’ESAT ASEI CAMADOC à Colomiers (31).

 

Depuis quand et comment êtes-vous arrivé à l’ASEI pour faire ce métier ? Quelle est votre formation ?

Mon parcours est plutôt atypique : au départ de formation technique après deux baccalauréats technologiques et un BTS électrotechnique, j’ai été rattrapé par ma passion pour la musique à laquelle j’ai consacré cinq années entre études, concerts et enseignement. Mon arrivée dans ce métier est le résultat d’un cheminement : le goût de la transmission, du travail auprès de l’Humain, alliés à mes compétences techniques. J’ai débuté par des remplacements de moniteur d’atelier à sur le site du Soleil d’Oc en 2008, puis sur le site René Caminade dans un atelier de sous-traitance aéronautique. On m’a ensuite proposé un CDI et donné l’opportunité de suivre la formation de moniteur d’atelier sur 18 mois et c’est ainsi que je me suis proposé pour reprendre l’atelier imprimerie en 2014.

Je ne suis pas imprimeur de métier. Au départ, ce sont les travailleurs qui m’ont montré et expliqué le travail qu’ils faisaient, que je me suis d’abord approprié, puis auquel j’ai apporté des modifications et des réorganisations au fur et à mesure de recherches, d’expérimentations. J’aime beaucoup ce partage croisé de compétences.
 

Quel est votre rôle au sein de l’ESAT ?

L’ESAT, qui relève du milieu de travail protégé, accueille des adultes en situation de handicap dont les capacités de travail ne leur permettent pas de travailler en milieu ordinaire ou adapté. L’objectif est de leur offrir des activités à caractère professionnel ainsi qu’un soutien médico-social et éducatif, en vue de favoriser leur épanouissement personnel et social.

Ainsi, mon rôle au sein de l’ESAT s’articule autour de trois axes : l’accompagnement des personnes de l’atelier au sein de l’équipe médico-psycho-sociale, l’animation et l’organisation de la production, ainsi que la gestion et le développement des compétences individuelles en lien avec l’activité de production. C’est en quelque sorte un rôle pivot qui se situe à la croisée de celui de l’éducateur, du technicien et du formateur.
 

Depuis quand existe cet atelier imprimerie ? A-t-il une histoire ?

L’imprimerie était initialement située à Ramonville et dépendante du siège social. La production était gérée par trois imprimeurs. Suite à son rattachement au CAT René Caminade - aujourd’hui ESAT CAMADOC - à Colomiers en 1990, l’activité a été adaptée afin d’accueillir des travailleurs d’ESAT.
 

Avez-vous des journées type ? Quel est le quotidien au sein de l’imprimerie, que s’y passe-t-il ? Racontez-nous !

Je compose en fonction des événements !
J’accompagne huit personnes sur l’atelier dont la production est constituée de deux activités : l’imprimerie ainsi qu’une activité de couverture de livres pour la Médiathèque Départementale. En fonction des commandes, j’organise la production en prenant en compte les aptitudes et potentialités des travailleurs, leur capacité de travail et leur motivation du jour. Je favorise la polyvalence et l’autonomie.
Selon les besoins, je montre, explique, rappelle si besoin, je crée des supports pédagogiques et propose des améliorations sur les postes de travail en fonction des difficultés rencontrées par les personnes et de leurs pathologies.

J’occupe aussi une fonction de régulation au sein du groupe afin de promouvoir le vivre-ensemble. Je participe également avec elle à l’élaboration et la mise en œuvre des projets personnalisés ainsi qu’à des groupes de travail sur divers thèmes. Ici c’est bien le travail qu’on adapte à la personne et non l’inverse.

 

imprimerie_camadoc_masques



Quelles sont les qualités à avoir dans votre métier ?

Je dirais le sens de l’organisation, de l’écoute et de l’observation. Il faut aussi être polyvalent, faire preuve d’adaptabilité et de patience !
 

Quelles difficultés pouvez-vous rencontrer ? Et qu’est-ce qui fait que vous aimez travailler dans cet ESAT ?

Le plus difficile est le fait de veiller à garder un juste équilibre entre l’accompagnement et la production, deux logiques parfois concurrentes. L’évolution des marchés et les exigences des clients ne sont pas toujours faciles à concilier avec notre mission première.

Plus concrètement, du fait de la multitude d’interlocuteurs et de tâches (entre l’accompagnement des personnes, les clients, la gestion de l’atelier, les problèmes techniques, les réunions, etc.), il est souvent difficile d’arriver au bout d’une action sans être interrompu. Mais c’est aussi cette diversité des tâches qui fait que j’aime mon métier !

D’un point de vue technique, certaines tâches de l’activité imprimerie demandent une technicité importante au regard d’une partie du public accueilli en ESAT. D’un côté cela peut compliquer l’accès à certains postes de travail, mais permet aussi de proposer une activité intéressante et valorisante, ainsi que de développer des compétences variées.
 

L’imprimerie a-t-elle vocation à s’étendre en termes de clients ?

Concernant l’activité imprimerie, nous travaillons principalement pour les centres de l’ASEI, ce qui permet de « normaliser » la production afin de rendre les apprentissages plus accessibles, étant donnée la technicité relativement importante de l’activité et la diversité des travaux en imprimerie.

Déjà sensibilisé au public accueilli ainsi qu’à notre mission, le personnel y est plus compréhensif par rapport aux délais de production qui peuvent être plus longs que ceux d’une imprimerie industrielle, donc en principe ils anticipent leurs besoins.
Le développement du numérique tendant à réduire la demande sur certains supports, nous souhaitons de ce fait nous ouvrir à de nouveaux clients, internes ou externes à l’association.

 

Alors n’hésitez pas à contacter l’imprimerie pour toute demande : imprimerie.caminade@asei.asso.fr