Ludwig Guerra, de la passion du sport à l'arbitrage des Jeux Paralympiques

Ludwig Guerra, de la passion du sport à l'arbitrage des Jeux Paralympiques

Sportif passionné depuis son enfance, Ludwig Guerra a rapidement décidé de faire du sport son métier. Intégrant la filière STAPS, il s’est spécialisé en Activités Physiques Adaptées (APA).

Avec le recul, il analyse cette vocation comme une réponse à son parcours personnel. À l’âge de 11 ans on lui diagnostique un diabète de type 1. "À ce moment-là, le sport a pris une place encore plus importante. C’est devenu un outil qui m'aide à gérer ma pathologie," explique-t-il.

Attiré par le paramédical et l’aspect humain de sa pratique, Ludwig a obtenu un Master 2 APA à Grenoble puis Lille. Après de nombreuses expériences dans des centres spécialisés, il rejoint l’ASEI au centre Pierre Hanzel en 2011 en tant qu’enseignant spécialisé pour pallier aux difficultés de recrutement des professionnels de la rééducation.

L’établissement est devenu la MAS Azuré, et le poste d’éducateur sportif adapté n’est plus une alternative aux rééducateurs, mais un vrai poste à part entière, complémentaire d’une équipe pluridisciplinaire.

 

L’initiation à la boccia

Lorsque Ludwig a commencé à exercer à l’ASEI, les spécificités des personnes qu’il accompagne l’ont rapidement poussé à chercher une activité qui pourrait convenir à tous les résidents, quel que soit leur handicap et leur niveau d'autonomie. "Quand je suis arrivé, tous les résidents avaient une SEP (Sclérose en Plaques). Si le nom de la maladie est le même pour tous, chaque résident avait un handicap et un niveau d’autonomie différents. La question s’est donc posée de trouver une activité qui puisse convenir à tout le monde. C’était important pour la cohésion de groupe".

Après de nombreuses recherches sur les disciplines adaptées émergentes, il a opté pour la fléchette pendulaire, la sarbacane, et surtout la boccia. "C’étaient les seules disciplines qui pouvaient unir la totalité des handicaps," ajoute-t-il. Il lui a fallu un an pour structurer la pratique de la boccia et rassembler le matériel nécessaire.

 

La boccia : un sport inclusif

"La boccia, c’est une sorte de pétanque adaptée, mais pas que. On y retrouve aussi un peu d’échecs et de billard" décrit Ludwig. Ce sport, très réglementé et strictement pratiqué en gymnase, utilise des balles spécifiques. "Son gros atout, c’est qu’il permet aux personnes très lourdement handicapées de jouer en autonomie." Des adaptations sont possibles en fonction des handicaps, notamment avec des rampes et des assistants humains. "Certains joueurs ont un assistant valide dont le rôle est crucial, si important qu’il est aussi médaillable avec le joueur principal," souligne Ludwig, qui est lui-même l’assistant de Michel Grosjean résident de la MAS Azuré, et champion de boccia.

 

Du loisir à la compétition, il n’y a qu’un pas

Lancée en loisir, la boccia a connu un succès immédiat à la MAS Azuré. "Les trois quarts des résidents sont devenus des pratiquants. Beaucoup ont été émerveillés de découvrir leurs capacités dans cette discipline. Le handicap est compensé par un matériel adapté conçu sur mesure pour chaque sportif."

En 2020, trois joueurs ont souhaité se lancer dans la compétition parasport. Ludwig a coordonné leur participation à des tournois. Cybille Pellegrin est devenue deux fois championne départementale et a participé aux championnats de France à Nantes cette année. Michel Grosjean a terminé deuxième régional l’an dernier et a également participé aux championnats de France.

 

Un arbitre passionné

"J’aime la boccia depuis plus de 10 ans, et quand j’ai vu que les résidents adoraient ce sport au point de vouloir le pratiquer en compétition, j’ai ressenti le besoin de m’intéresser aux règles de jeu pour pouvoir mieux conseiller mes joueurs."

Ainsi, en 2020, Ludwig a entamé une formation d’arbitre, d’abord régional puis national avec en ligne de mire la perspective d’avoir la chance d’arbitrer aux Jeux Paralympiques de Paris. "Pour participer aux Jeux, tout est allé très vite. Je me suis positionné comme candidat suite à un recensement de la fédération. Puis j’ai dû faire mes preuves lors de l’un des 4 opens nationaux, et j’ai pu y apprendre les spécificités et les exigences de l’arbitrage international."

 

La sélection pour les Jeux Paralympiques

"J’ai appris ma sélection via un groupe WhatsApp des arbitres nationaux. J’attendais ça de pied ferme, j’ai été ravi et un peu soulagé de ne pas avoir fait tout ça pour rien," se réjouit Ludwig. Grâce au soutien de l’ASEI et de la direction de son établissement, il pourra se dégager deux semaines "off" pour participer aux Jeux. "Je suis prêt," affirme-t-il, « certains de mes confrères arbitres s’entrainent durement en anglais, pour moi de ce côté-là ça devrait aller » plaisante-t-il.

 

L'impact des Jeux Paralympiques

Pour Ludwig, les Jeux Paralympiques jouent un rôle crucial dans la perception du sport pour les personnes en situation de handicap. "Les JO tout le monde connaît. Les Jeux Paralympiques, pas encore. Le parasport évolue énormément, et on sent que les consciences s’éveillent," dit-il. Il évoque également la reconnaissance des champions de la MAS par les habitants de Rieux-Volvestre lorsqu'ils se promènent dans les rues, soulignant l’importance du sport comme vecteur d’inclusion dans la cité.

 

Un message d'encouragement

"Ce n’est pas parce qu’on est lourdement handicapé qu’on ne peut pas pratiquer une activité physique. Il suffit de se renseigner et de s’entourer de personnes compétentes" encourage Ludwig.

Il met également en avant les chances de médaille de la France, notamment avec Sonia Heckel et Jules Denard, qui ont paraît-il, un niveau exceptionnel !

À suivre !